Il y a plus d'un an déjà qu'Alex Tyrrell, chef du Parti vert du Québec (PVQ) a viré le Conseil exécutif du parti au complet.
Bien que ce n'était pas la première fois dans son histoire que le parti avait complètement changé d'équipe de direction, c'était probablement la plus brutale transition qu'il y a eu, surtout qu'elle s'est passée en dehors des valeurs vertes.
Évidemment, ayant été élu au poste de trésorier dans le Conseil exécutif (CE), passant souvent plus de 20 heures par semaine dans le meilleur intérêt du parti, j'ai été particulièrement frustré par le fait que M. Tyrrell a exécuté sa manœuvre (nommer deux dirigeants sans élection, utiliser cette présumée autorité pour virer le CE élu, publier une résolution pour changer l'administrateur principal du compte bancaire, etc., le tout durant la même journée) et de l'effet que ça allait avoir sur le parti. D'ailleurs, le même jour ou le jour suivant, lors d'une conversation téléphonique avec M. Tyrrell, j'ai prédit avec succès que sa manœuvre n'allait pas augmenter le succès électoral et la visibilité du parti. Quatre mois plus tard, suivant un scrutin provincial auquel seulement une quarantaine de candidatures vertes étaient officialisées, le parti avait perdu la moitié du pourcentage de vote obtenu en 2012.
Mais, peu importe la séquences des événements, la source du problème était que la constitution ne définissait pas assez bien les rôles des diverses positions au sein du parti.
Mais, peu importe la séquences des événements, la source du problème était que la constitution ne définissait pas assez bien les rôles des diverses positions au sein du parti.
Depuis lors, nombreuses ont été mes discussions et entretiens avec d'autres membres du parti, anciens et courants, et j'ai eu l'occasion d'en tirer plusieurs conclusions:
- La politique au sein des membres impliqués d'un parti politique, c'est bruyant, difficile et personnel. Heureusement, les autres organisations communautaires n'ont généralement pas de tels membres, mais la politique sera présente dans n'importe quel groupe de dirigeants.
- La plupart des membres du PVQ (et je le suppose d'autres partis aussi, mais peut-être pas autant) se foutent complètement de la politique interne du parti, et donc ne seront pas les alliés de ceux, comme moi, qui veulent protéger leur parti d'un dirigeant qui agit en dictateur et détruit leur parti. La leçon est donc simple: si la constitution est inadéquate, en règle générale, les membres ne seront pas là pour empêcher la destruction du parti. Je suppose que ce phénomène n'est pas limité aux partis politiques.
- Un parti ne sera qu'aussi solide que sa constitution, ce texte de valeur légale qui définit les paramètres de son existence. Et ensuite il faut avoir un bon avocat pour le défendre. Je continuerai sur ce point plus tard.
- C'est la bonne volonté qui fait marcher les choses, et ça manque en tabarnak dans ce contexte politique (et ailleurs aussi, bien sûr).
- Il faut se prévaloir de la liberté d'association et de faire le travail nécessaire, comme l'ont fait les refondateurs du Parti équitable lors de la dernière élection générale provinciale, qui ont fait un travail admirable en peu de temps. Les gens avec l'expérience nécessaire pour gérer un parti politique sont peu nombreux: gardez-les et prenez en soin! (Moi, j'ai effectivement pris ma retraite politique car j'y ai mis tellement de temps que je m'en suis rendu malade.)
- Les partis politiques sont des véhicules souvent fragiles dont les participants le sont souvent pour leurs égos. Ils sont trop souvent des structures dont les dirigeants exercent le contrôle, souvent au point d'empêcher un candidat potentiel de participer à une course d'investiture, alors que le but de cette dernière est justement de rendre l'exercice représentatif des membres locaux. La loi électorale ne requiert pas un tel arrangement, par contre.
Une considération du dernier point est particulièrement importante afin de déterminer la meilleure manière d'éviter les problèmes vus au PVQ.
Puisqu'au niveau Québécois, les associations régionales et locales (nommées instances) dépendent légalement du parti et, par extension, de la bonne volonté de ses dirigeants, elles ne sont créées que si les dirigeants du parti détermine qu'il requiert une telle présence régionale ou locale, et elles seront démantelées si leur existence n'est pas désirée (que ce soit à cause d'un manque d'intérêt local, à cause d'un groupe local rebelle, ou toute autre raison).
Ici en Outaouais, un groupe de membres verts dont je fais partie avait eu l'intention d'établir une instance régionale du PVQ en Outaouais. Dans la finesse de ses manœuvres, M. Tyrrell avait réussi à écarter ou désintéresser les membres verts de la région au point qu'il n'y avait qu'un candidat dans cinq circonscriptions en avril 2014. Une instance locale n'allait pas être formée.
Mais ce que j'avais oublié de considérer en 2012 et 2013, c'est que notre association régionale, nous l'avions effectivement déjà depuis des années. Les Verts de l'Outaouais, ce regroupement informel, fondé en 2008, de personnes de la région par qui les élections locales étaient inspirées, appuyées et organisées, n'est pas une association selon le sens du terme que présente le Registre des entreprises du Québec (REQ).
Par contre, nos caractéristiques, dont des effectifs qui changent peu et des luttes locales bien définies, rendraient la formalisation de l'association possible et facile, sans toutefois nécessiter une inscription au REQ, un avantage dû aux frais et à la paperasse. C'est donc cela que nous aurions dû entreprendre dès 2012. Nous aurions dû équiper cette association d'une constitution solide, la rendant ainsi un excellent modèle pour les Verts dans les autres régions du Québec, qui, handicapés par des effectifs variables et un manque d'association locale ou régionale pour les assembler, avaient généralement du mal à rassembler des effectifs et augmenter leur visibilité.
Avec suffisamment d'associations régionales, ces dernières pourraient se fédérer en association dont la participation serait entièrement volontaire, menant à établir l'équivalent d'une ombre de parti politique, sauf qu'elle serait entièrement régie par les membres des association régionales, le contrôle ainsi échappant à un ou quelques éventuels dirigeants mal intentionnés.
Dès qu'ils se sentent prêts, les membres de ces associations régionales pourraient ainsi fonder un nouveau parti politique bien équipé à contester une élection générale, présenter des candidats pour un grand nombre de circonscriptions dans un parti existant, ou même encore (re)prendre le contrôle d'un parti mal géré.
La liberté d'association a toujours permis ce genre de structure, mais comparé au XIXe siècle et au début du XXe, peu sont ceux qui désormais réalisent l'impact que peuvent avoir des regroupements modestes de gens impliqués. Il est temps de se départir de l'idée que le peuple dépend des institutions existantes et qu'il ne peut y échapper!
Dans mes prochains billets de blogue, je discuterai de la façon de former une association solide.