vendredi 30 mars 2012

Sortir les distractions du placard

Hier, le 29 mars, était une journée assez spéciale. Il y a dix ans, le 29 mars était un vendredi, Vendredi Saint, en fait. Malgré la courte semaine, il s'agissait d'une des semaine les plus intenses du côté émotionnel alors que j'étais étudiant universitaire. La semaine s'est terminée sur un événement qui annonçait un changement complet dans ma vie.

Cette semaine-là, chaque nuit de lundi à jeudi, je n'ai dormi que deux ou trois heures. En général, la deuxième année en génie informatique avait vu le nombre d'étudiants tomber à presque le quart du nombre original de septembre 2000, mais cette semaine-là avait été vraiment difficile.

Rendu jeudi, après m'être réveillé tôt le matin comme il me l'était si souvent requis par mon horaire de cours, le manque de sommeil m'était tellement toxique que mon estomac était tout à fait à l'envers; je n'ai rien pu manger jusqu'à 14h30. Rentré à la maison après mes cours vers 17h, je suis allé directement au lit ai j'ai dormi 17 heures presque de suite.

De nouveau en forme vendredi, il était maintenant temps de faire ce que j'aurais dû faire tant d'années plus tôt: non seulement sortir du placard auprès de ma famille, mais, chose bien plus importante, l'accepter moi-même.

Cette libération, la première étape du chemin qui m'a mené a trouvé l'amour de ma vie, s'est passée pendant une décennie de changements au niveau des droits de la personne au Canada. En même temps que je passais par tous les ajustements émotionnels qui accompagne la sortie du placard, il y avait tout d'abord le cas de Marc Hall, un étudiant d'école secondaire catholique en Ontario, qui s'est battu en cour pour avoir le droit d'être accompagné par son petit ami à son bal des finissants.

Il y avait aussi les batailles judiciaires qui ont mené, en juin 2003, aux premiers mariages entre conjoints de même sexe en Ontario, ce qui nous a finalement donné une définition fédérale en été 2005.

Nous sommes maintenant particulièrement chanceux aux Canada car nous avons des droits que tant d'autres ailleurs n'ont pas. Même s'il me faut encore faire parfois attention à qui j'ose dire que je suis marié depuis huit ans à un homme, je commence à prendre cet égalité légale pour acquis.

Mais peut-être suis-je un peu naïf quant à cela. Les grandes batailles ont eu lieu et ont été gagnées, mais certains qui ont longtemps opposé l'égalité des droits n'acceptent toujours pas cette réalité. En particulier, le continent est rempli de gens bruyants qui expriment une conviction contre l'égalité des droits. Je suppose que généralement, cela ne se fait pas par inquiétude authentique (rappelons combien de politiciens américains supposément conservateurs se sont fait exposer comme étant gays) mais plutôt pour causer des divisions sociales pour distraire les gens de l'ingérence des gouvernements.

Ce lien semble peut-être distant, mais il n'est pas difficile de le voir. Comme exemple, rappelons tout d'abord que les deux partis politiques majeurs américains ont tous les deux les mêmes grandes banques comme support financier principal. Rendu l'élection présidentielle, les deux choix paraissant différents ne sont, en fait, que deux côtés de la même médaille. Qui ne connait pas un Canadien qui s'aligne passionnément d'un côté ou de l'autre!

Les vrais problèmes sociaux, dont l'inégalité croissante entre les riches et les pauvres, la corruption, et l'influence excessive des grandes sociétés sur la conduite des affaires du gouvernement, se font trop souvent mettre de côté, même si la résolution de ces derniers trouveraient un support populaire sans opposition. Les médias, souvent aussi dans la poche des mêmes grandes sociétés

La raison pour cela est évidemment que plusieurs politiciens doivent faire perdurer l'ingérence afin de récompenser le support financier et politique qui les ont mis en place. Combien de politiciens avons-nous eu qui ont amélioré le sort de la population en général sans devoir récompenser qui que ce soit?

Même si je me présente aux élections, et que la tribune m'est accordée occasionnellement, il est toujours particulièrement difficile d'exposer ce que les distractions ont tendance à couvrir. Mais je m'engage à continuer à dire ce que les autres ne veulent pas dire.