samedi 27 décembre 2014

Des Verts et des pas mûrs

Il y a plus d'un an déjà qu'Alex Tyrrell, chef du Parti vert du Québec (PVQ) a viré le Conseil exécutif du parti au complet.

Bien que ce n'était pas la première fois dans son histoire que le parti avait complètement changé d'équipe de direction, c'était probablement la plus brutale transition qu'il y a eu, surtout qu'elle s'est passée en dehors des valeurs vertes.

Évidemment, ayant été élu au poste de trésorier dans le Conseil exécutif (CE), passant souvent plus de 20 heures par semaine dans le meilleur intérêt du parti, j'ai été particulièrement frustré par le fait que M. Tyrrell a exécuté sa manœuvre (nommer deux dirigeants sans élection, utiliser cette présumée autorité pour virer le CE élu, publier une résolution pour changer l'administrateur principal du compte bancaire, etc., le tout durant la même journée) et de l'effet que ça allait avoir sur le parti. D'ailleurs, le même jour ou le jour suivant, lors d'une conversation téléphonique avec M. Tyrrell, j'ai prédit avec succès que sa manœuvre n'allait pas augmenter le succès électoral et la visibilité du parti. Quatre mois plus tard, suivant un scrutin provincial auquel seulement une quarantaine de candidatures vertes étaient officialisées, le parti avait perdu la moitié du pourcentage de vote obtenu en 2012.

Mais, peu importe la séquences des événements, la source du problème était que la constitution ne définissait pas assez bien les rôles des diverses positions au sein du parti.

Depuis lors, nombreuses ont été mes discussions et entretiens avec d'autres membres du parti, anciens et courants, et j'ai eu l'occasion d'en tirer plusieurs conclusions:

  1. La politique au sein des membres impliqués d'un parti politique, c'est bruyant, difficile et personnel.  Heureusement, les autres organisations communautaires n'ont généralement pas de tels membres, mais la politique sera présente dans n'importe quel groupe de dirigeants.
  2. La plupart des membres du PVQ (et je le suppose d'autres partis aussi, mais peut-être pas autant) se foutent complètement de la politique interne du parti, et donc ne seront pas les alliés de ceux, comme moi, qui veulent protéger leur parti d'un dirigeant qui agit en dictateur et détruit leur parti.  La leçon est donc simple: si la constitution est inadéquate, en règle générale, les membres ne seront pas là pour empêcher la destruction du parti.  Je suppose que ce phénomène n'est pas limité aux partis politiques.
  3. Un parti ne sera qu'aussi solide que sa constitution, ce texte de valeur légale qui définit les paramètres de son existence. Et ensuite il faut avoir un bon avocat pour le défendre. Je continuerai sur ce point plus tard.
  4. C'est la bonne volonté qui fait marcher les choses, et ça manque en tabarnak dans ce contexte politique (et ailleurs aussi, bien sûr).
  5. Il faut se prévaloir de la liberté d'association et de faire le travail nécessaire, comme l'ont fait les refondateurs du Parti équitable lors de la dernière élection générale provinciale, qui ont fait un travail admirable en peu de temps. Les gens avec l'expérience nécessaire pour gérer un parti politique sont peu nombreux: gardez-les et prenez en soin! (Moi, j'ai effectivement pris ma retraite politique car j'y ai mis tellement de temps que je m'en suis rendu malade.)
  6. Les partis politiques sont des véhicules souvent fragiles dont les participants le sont souvent pour leurs égos. Ils sont trop souvent des structures dont les dirigeants exercent le contrôle, souvent au point d'empêcher un candidat potentiel de participer à une course d'investiture, alors que le but de cette dernière est justement de rendre l'exercice représentatif des membres locaux. La loi électorale ne requiert pas un tel arrangement, par contre.
Une considération du dernier point est particulièrement importante afin de déterminer la meilleure manière d'éviter les problèmes vus au PVQ.

Puisqu'au niveau Québécois, les associations régionales et locales (nommées instances) dépendent légalement du parti et, par extension, de la bonne volonté de ses dirigeants, elles ne sont créées que si les dirigeants du parti détermine qu'il requiert une telle présence régionale ou locale, et elles seront démantelées si leur existence n'est pas désirée (que ce soit à cause d'un manque d'intérêt local, à cause d'un groupe local rebelle, ou toute autre raison).

Ici en Outaouais, un groupe de membres verts dont je fais partie avait eu l'intention d'établir une instance régionale du PVQ en Outaouais. Dans la finesse de ses manœuvres, M. Tyrrell avait réussi à écarter ou désintéresser les membres verts de la région au point qu'il n'y avait qu'un candidat dans cinq circonscriptions en avril 2014. Une instance locale n'allait pas être formée.

Mais ce que j'avais oublié de considérer en 2012 et 2013, c'est que notre association régionale, nous l'avions effectivement déjà depuis des années.  Les Verts de l'Outaouais, ce regroupement informel, fondé en 2008, de personnes de la région par qui les élections locales étaient inspirées, appuyées et organisées, n'est pas une association selon le sens du terme que présente le Registre des entreprises du Québec (REQ).

Par contre, nos caractéristiques, dont des effectifs qui changent peu et des luttes locales bien définies, rendraient la formalisation de l'association possible et facile, sans toutefois nécessiter une inscription au REQ, un avantage dû aux frais et à la paperasse.  C'est donc cela que nous aurions dû entreprendre dès 2012.  Nous aurions dû équiper cette association d'une constitution solide, la rendant ainsi un excellent modèle pour les Verts dans les autres régions du Québec, qui, handicapés par des effectifs variables et un manque d'association locale ou régionale pour les assembler, avaient généralement du mal à rassembler des effectifs et augmenter leur visibilité.

Avec suffisamment d'associations régionales, ces dernières pourraient se fédérer en association dont la participation serait entièrement volontaire, menant à établir l'équivalent d'une ombre de parti politique, sauf qu'elle serait entièrement régie par les membres des association régionales, le contrôle ainsi échappant à un ou quelques éventuels dirigeants mal intentionnés.

Dès qu'ils se sentent prêts, les membres de ces associations régionales pourraient ainsi fonder un nouveau parti politique bien équipé à contester une élection générale, présenter des candidats pour un grand nombre de circonscriptions dans un parti existant, ou même encore (re)prendre le contrôle d'un parti mal géré.

La liberté d'association a toujours permis ce genre de structure, mais comparé au XIXe siècle et au début du XXe, peu sont ceux qui désormais réalisent l'impact que peuvent avoir des regroupements modestes de gens impliqués.  Il est temps de se départir de l'idée que le peuple dépend des institutions existantes et qu'il ne peut y échapper!

Dans mes prochains billets de blogue, je discuterai de la façon de former une association solide.

mardi 7 octobre 2014

Andrew Coyne is plain wrong

For those who don't know Andrew Coyne, I would describe him rather as an author than a journalist because, from my point of view, he seems to state his opinion more often than report facts. I have also had the distinct impression that the sympathies he tries to invoke depend more on the newspaper in which his articles get published than on being necessarily his own opinions.  But for the following, let's assume the case is the latter.

I cannot say with certainty that Mr. Coyne writes to cause a significant reaction among his readers, but the result is still the same. This time, I couldn't resist reacting.  Here is the twitter exchange:
I wasn't going to let him win by trying to correct his mistakes in 140 characters or less, therefore I replied:
So I'll cite the sections of Andrew Coyne's original article so that I can disprove as many of his points as possible, so as to disprove his entire argument.

As I said on Twitter, in his article, Mr. Coyne tries to prove that the recent Scottish independence referendum, even with its clear question, was fundamentally undemocratic, especially with regards to the possibility that the example could be reflected in an eventual third referendum on Quebec's sovereignty.  He divides his argument in five points, which I will decompose with the intention of refuting them.

First he says this:
Even to talk of holding another referendum in Canada, first, suggests a strange definition of democracy is at work, the same that has held us in its sway since the first, in which a yes, however tentative, is the final word, but a no, however many times it is repeated, only means a la prochaine — or, as Alex Salmond, the Scottish National Party (SNP) leader put it, “at this stage.” (To be fair, I don’t believe a yes would be final, either. I think it would only mark the start of the real referendum, the continuing battle for public opinion through the months of chaos that would follow. So the No side were very likely being as deceitful as the Yes in claiming that a yes was “forever.” At least I hope they were.)
Let's first address the definition of "democracy", since his first sentence  touches that point. The French language Wiktionary defines democracy as a political regime where the people as a whole holds sovereign power. This definition makes a referendum (where votes for and against the proposal are counted directly with no intermediary) an exercise more democratic than an vote to elect MPs in our first-past-the-post electoral system (and probably  more democratic than in other electoral systems as well). A particular example of this happened in my federal riding of Gatineau: in 2004, Richard Nadeau lost despite his 40.27% of votes, while in 2008, he won with 29.15%: these are uncomfortable results but their legitimacy is not denied, and I don't recall anyone calling them undemocratic.

But even if we ignore the author's unusual definition of democracy, we would then have to ask just how a repeated independence referendum (of which simply its mention cost the Parti Québécois the last general provincial election) isn't democratic. And, strictly speaking, how is independence final? More than one province joined the confederation since 1867, and Newfoundland had a referendum in 1948 to this very effect. And even if the result is final due to political reality, how is that not democratic? The author's first point falls in its entirety.

His second point touches the question's clarity, an issue which came back often since the 1995 Quebec referendum. I think the federalists are still particularly bitter about this.
Second, the question, much lauded though it was here for its clarity — “Should Scotland be an independent country?” — only appears so in light of the hilariously complex and misleading questions employed in our own triumphs of democracy. Any expert in public opinion polling could tell you it’s a slanted question: It plainly invites a yes. A fair question would present the two options, equally: Should Scotland become an independent country, or should it remain a part of the United Kingdom?
To compare a referendum question (for which each side has months or years to prepare) to a telephone survey question to which one is not prepared, is not very honest! Especially in the case of a "yes" or "no" question, for which both camps have the opportunity to form and prepare information packages and solicitation teams, etc. More importantly, the electors have the chance to study all the materials to make an informed choice.

But even if we ignore that detail, to question the Scottish referendum question's clarity after the big issue of Quebec's referendum question, that's rich, especially considering the hardline federalists (to which Andrew Coyne is really starting to resemble) have spent so much time criticizing the Quebec question for its lack of clarity. And even if clarity weren't an issue, the result of any independence vote would be complicated; nothing of that sort is ever simple, but that doesn't mean that the people can't make a decision and take responsibility for it. The author's second point falls too.

In his third point, the author questions the legitimacy of a simple majority (50%+1):
Third, merely because the British prime minister was foolish enough to agree to 50 per cent plus one of the vote as sufficient mandate to begin negotiations on the breakup of the kingdom — assuming he was being sincere, and assuming the negotiations did not collapse and assuming a whole lot else that would probably not be the case — it does not follow that Canada is now obliged to accept that as a precedent.
The arguments that led the Supreme Court to require a clear majority as one of the conditions, alongside a clear question, of the (entirely made up) duty to negotiate on the part of the rest of Canada (whoever that is, constitutionally), still hold. The Clarity Act, which slyly turned this on its head — from requiring negotiations in the event of a clear majority, to banning negotiations without it — is still the law of the land. And, as is increasingly widely acknowledged in Quebec, such a narrow and divisive majority could not possibly be sufficient to launch the province on such a perilous adventure. (Opinion polls in the province point to 60 per cent as a bare minimum, with a substantial number preferring 75 per cent.)
Obviously, whenever a country on the road to being reduced realizes the real possibility that the "yes" side of an independence referendum may win, the opponents will do all they can to prevent it from happening. That's why the hardline federalists will insist to change the rules, for example demanding a minimum "yes" vote of 60% or 75%, and so on. Just like I said earlier, it's interesting to see those federalists insist for a minimum higher than 50% while it'd be perfectly democratic if their favourite party wins a majority of House of Commons seats without even getting close to a 50% share of the votes: in 1997, the Jean Chrétien Liberals got 155 of 301 seats (51.50%) with only 38.46% of the votes; in 1993, the discrepancy was even higher: they got 177 of 295 seats (60%) with 41.24% of the votes. Will Mr. Coyne be the first to question the legitimacy of a majority Liberal government under Justin Trudeau if he wins with only 40% of the votes rather than 60% or 75%?

It's in his fourth point that the author dares say that a fundamentally democratic exercise (as I pointed out earlier) with a clear question is somehow not democratic:
But — point four — even a clearer question, and even with a clear majority, it still wouldn’t alter the fundamentally undemocratic premise of the enterprise: namely, that the fate of the whole country may be decided by the vote of a small minority. Had the Yes carried the day in Scotland, it would have been with the support of perhaps 1.8 million out of the United Kingdom’s 64 million citizens. The rest were forced to watch, helplessly, as their own futures hung in the balance.
We have all been seduced by the formalities — the holding of a vote, with ballot boxes and scrutineers and the rest — into thinking these affairs are actually based on some sort of democratic principle. But just because you hold a vote on something doesn’t make it democratic, not in any legitimate sense. For example, you can’t vote to help yourself to something that isn’t yours, and you can’t vote to decide the fates of others, not party to the vote.
So it's not democratic because the rest of the country doesn't agree? That argument doesn't work because Canada isn't a unitary state like Ireland and others. We have, in theory, a confederation where federal powers are limited. Contrary to other provinces, Quebec has managed to keep some of those powers to itself, as guaranteed by the constitution. The union of the provinces must be recognized as voluntary for the benefits it provides to all, and to ensure its actual legitimacy. Instead, we see that many federalists think that the federal government is and should be a strong central power acting in a decisive manner to discipline its rebellious children. (Gee, this attitude is starting to look like Iraq under Saddam Hussein, who had to impose his strong rule to allow his Sunni minority to control a Shia majority country!)

The author continues:
Yet that is precisely what separatists in Canada and the U.K. have attempted to maintain: that they could vote, not to “leave” the country, as it is sometimes put, but to take a part of the country with them, and that the rest of the country, including the vast majority of its citizens, had no choice but to accept whatever the minority decreed. This may be called many things, but democratic isn’t one of them. If it’s democracy we’re interested in, then any decision to break up the country should be for all of the country to vote on, not just a part of it.
And that's where we can start to see that gem of Orange Order ideology hated by so many: I read that the author would prefer that Quebeckers "return to France" (that's me quoting innumerable comments I read in national online English-language media in Canada) rather than have us as neighbours. Without even having to mention that so many of us aren't even French (I myself spent the first 21 years of my life as a Franco-Ontarian, and my parents immigrated 34 years ago from elsewhere than France), one can feel the traditional and now anachronistic English Protestant feeling of supremacy imposed on subjugated peoples for centuries. (Note that even if it were Orange Order sympathizers who were treating the Catholic Irish violently in Ontario during the 19th century, and that they managed among other things to get rid of the St. Patrick's day parade in Toronto for many years despite the heavy demographic weight of the Irish, I understand that the large majority of people of English descent and Protestant religious affiliation do not express such hatred.)

But the legal reality is simple: Quebec is presently a province, which holds and controls most of its territory, and while Canada is divisible in the case of an provincial independence referendum, Quebec itself is not divisible in the same way (without going through a constitutional reform which would be useless in the case of a successful independence referendum). The author's fourth point is therefore also invalid.

(The author's fifth point only applies to the United Kingdom's very particular constitutional situation, and therefore has no bearing on the value of the author's argument in the Canadian context.)

In conclusion, as I was able to counter each of his points, it's clear that Andrew Coyne was expressing his personal feelings about the Scottish referendum and about a possible third Quebec referendum rather than the political constitutional reality.

When he says a referendum with a clear question is not democratic, he's simply wrong.

vendredi 26 septembre 2014

Non, Andrew Coyne a simplement tort

Pour ceux qui ne connaissent pas Andrew Coyne, je le décrirais plutôt comme un auteur qu'un journaliste car, à mes yeux, il semble véhiculer une opinion plus souvent que rapporter les faits. J'ai aussi eu la distincte impression que les sympathies qu'il essaye d'invoquer dépendent du journal dans lequel son texte se fait publier, plutôt que d'être automatiquement les siennes. Mais pour ce qui suit, on va supposer que ce sont ces dernières qui prévalent.

Je ne peux pas dire avec certitude que M. Coyne écrit pour causer une réaction accrue de la part de ses lecteurs et lectrices, mais le résultat en est certainement ainsi. Et cette fois-ci, j'ai mordu l'hameçon. Voici l'échange sur Twitter que j'ai initié plus tôt cette semaine.
Je n'allais pas le laisser gagner en essayant de corriger ses erreurs en 140 caractères ou moins, donc j'ai répondu ainsi:
Donc je vais citer les parties de l'article original d'Andrew Coyne afin d'en réfuter le plus grand nombre de points, tentant ainsi de faire couler son argument au complet.

Comme je l'avais dit sur Twitter, dans l'article, M. Coyne tente de prouver que le référendum écossais récent, même avec sa question claire, n'était fondamentalement pas un exercice démocratique, surtout si l'exemple est suivi ici au Canada lors d'un éventuel troisième référendum de séparation du Québec. Il divise son argument en cinq points que je décomposerai afin de les réfuter.

D'abord, il dit ceci:
Even to talk of holding another referendum in Canada, first, suggests a strange definition of democracy is at work, the same that has held us in its sway since the first, in which a yes, however tentative, is the final word, but a no, however many times it is repeated, only means a la prochaine — or, as Alex Salmond, the Scottish National Party (SNP) leader put it, “at this stage.” (To be fair, I don’t believe a yes would be final, either. I think it would only mark the start of the real referendum, the continuing battle for public opinion through the months of chaos that would follow. So the No side were very likely being as deceitful as the Yes in claiming that a yes was “forever.” At least I hope they were.)
Baignons-nous d'abord dans la définition de démocratie alors, puisque sa première phrase y touche. Le wiktionnaire donne la définition de « régime politique dans lequel l'ensemble du peuple dispose du pouvoir souverain ». Cette définition rend un référendum (où les votes pour et contre sont comptés directement et le résultat en découle sans intermédiaire) un exercice plus démocratique qu'une élection de députés dans notre système uninominal à un tour (et probablement dans d'autres systèmes électoraux aussi). Un exemple particulier de ce dernier point s'est passé ici dans ma circonscription fédérale de Gatineau: en 2004, Richard Nadeau a perdu malgré ses 40,27% des votes de l'électorat, alors qu'en 2008, il a gagné avec 29,15%: ce sont des résultats inconfortables mais ils ne sont pas incontestés, et surtout personne ne les a qualifiés de non-démocratique.

Mais même si nous ignorons la définition inhabituelle de démocratie de l'auteur, il faut alors se demander en quoi la nature d'un référendum répété de séparation (dont la simple mention, on le rappelle, a sérieusement coûté au Parti Québécois la dernière élection générale) n'est pas démocratique. Et, strictement parlant, en quoi une séparation est-elle finale? Plus d'une province a joint la confédération depuis 1867, et Terre-Neuve a eu un référendum pour ce faire en 1948. Et même si elle est finale à cause de la réalité politique, en quoi n'est-ce pas démocratique? Le premier point de l'auteur tombe au complet.

Son deuxième point touche la clarté de la question, un point souvent revenu depuis la question du référendum québécois de 1995. Les fédéralistes en sont encore particulièrement amers, je pense.
Second, the question, much lauded though it was here for its clarity — “Should Scotland be an independent country?” — only appears so in light of the hilariously complex and misleading questions employed in our own triumphs of democracy. Any expert in public opinion polling could tell you it’s a slanted question: It plainly invites a yes. A fair question would present the two options, equally: Should Scotland become an independent country, or should it remain a part of the United Kingdom?
Comparer une question de référendum (à laquelle chaque côté de la question a des mois ou des années à se préparer) à une question de sondage téléphonique à laquelle on n'est pas préparé, ce n'est pas très honnête! Surtout dans le cas d'une question « oui » ou « non », pour laquelle les camps ont l'occasion de se former et de préparer des trousses d'information et des équipes de sollicitation, etc. Et encore plus important, les électeurs ont la chance d'étudier tous les matériaux pour faire une décision informée.

Mais même si on ignore ce détail-là, questionner la clarté de la question référendaire écossaise après le tollé qui a suivi la question référendaire québécoise, it's rich!  Il faut en avoir, du culot, surtout quand les fédéralistes convaincus (auxquels Andrew Coyne commence vraiment à ressembler) ont tant critiqué la question québécoise pour son manque de clarté. Et même si la clarté n'était pas un problème, le résultat de toute question de séparation est compliqué; rien de tel n'est simple, mais ça ne veut pas dire que le peuple ne saura pas faire un décision dont elle en assumera la responsabilité.  Son deuxième point tombe, lui aussi.

Dans son troisième point, l'auteur questionne la légitimité d'une simple majorité (50%+1):
Third, merely because the British prime minister was foolish enough to agree to 50 per cent plus one of the vote as sufficient mandate to begin negotiations on the breakup of the kingdom — assuming he was being sincere, and assuming the negotiations did not collapse and assuming a whole lot else that would probably not be the case — it does not follow that Canada is now obliged to accept that as a precedent.
The arguments that led the Supreme Court to require a clear majority as one of the conditions, alongside a clear question, of the (entirely made up) duty to negotiate on the part of the rest of Canada (whoever that is, constitutionally), still hold. The Clarity Act, which slyly turned this on its head — from requiring negotiations in the event of a clear majority, to banning negotiations without it — is still the law of the land. And, as is increasingly widely acknowledged in Quebec, such a narrow and divisive majority could not possibly be sufficient to launch the province on such a perilous adventure. (Opinion polls in the province point to 60 per cent as a bare minimum, with a substantial number preferring 75 per cent.)
Évidemment, lorsqu'un pays en voie d'être réduit réalise que la possibilité que le « oui » gagne le référendum de séparation est bien présente, ceux qui y sont contre feront tout ce qu'il peuvent pour l'empêcher. C'est pour ça que des fédéralistes convaincus insisteront pour changer les règles, par exemple seuil de 60% ou 75% en faveur, et ainsi de suite. Pour reprendre le point que j'ai amené plus tôt, c'est particulièrement intéressant de voir ces fédéralistes insister pour un seuil plus élevé que 50% alors que c'est parfaitement démocratique si leur parti préféré gagne une majorité de sièges dans la Chambre des communes sans même approcher 50% des votes: en 1997, les Libéraux de Jean Chrétien ont eu 155 des 301 sièges (51,50%) avec seulement 38,46% des votes; en 1993, c'était encore pire: ils ont eu 177 des 295 sièges (60%) avec 41,24% des votes. M. Coyne sera-t-il le premier à contester la légitimité d'un gouvernement libéral sous Justin Trudeau qui gagnerait une majorité de sièges avec 40% des votes au lieu de 60% ou 75%?

C'est dans le quatrième point que l'auteur de l'article ose dire qu'un exercice fondamentalement démocratique (comme je l'ai expliqué plus tôt) avec une question claire n'est pas démocratique:
But — point four — even a clearer question, and even with a clear majority, it still wouldn’t alter the fundamentally undemocratic premise of the enterprise: namely, that the fate of the whole country may be decided by the vote of a small minority. Had the Yes carried the day in Scotland, it would have been with the support of perhaps 1.8 million out of the United Kingdom’s 64 million citizens. The rest were forced to watch, helplessly, as their own futures hung in the balance.
We have all been seduced by the formalities — the holding of a vote, with ballot boxes and scrutineers and the rest — into thinking these affairs are actually based on some sort of democratic principle. But just because you hold a vote on something doesn’t make it democratic, not in any legitimate sense. For example, you can’t vote to help yourself to something that isn’t yours, and you can’t vote to decide the fates of others, not party to the vote.
Donc ce n'est pas démocratique car le reste du pays n'est pas d'accord? Sauf que le Canada n'est pas unitaire comme l'Irlande et d'autres. Nous avons, en théorie, une confédération où les pouvoirs fédéraux sont limités. Contrairement aux autres provinces, le Québec a réussi à faire prévaloir sa juridiction dans les domaines garantis par la constitution. Il faut que l'union des provinces soit reconnue comme volontaire pour le bénéfice que ça représente à tous, et aussi pour en assurer sa réelle légitimité. Ce qu'on observe, par contre, c'est que plusieurs fédéralistes pensent que le gouvernement fédéral est et doit être un pouvoir central fort agissant de manière décisive pour maîtriser ses enfants rebelles. (Tiens, cette attitude commence à ressembler un peu à Irak sous Saddam Hussein, qui devait agir d'un bras de fer pour permettre à sa minorité sunnite de contrôler le pays de majorité chiite!)

L'auteur continue:
Yet that is precisely what separatists in Canada and the U.K. have attempted to maintain: that they could vote, not to “leave” the country, as it is sometimes put, but to take a part of the country with them, and that the rest of the country, including the vast majority of its citizens, had no choice but to accept whatever the minority decreed. This may be called many things, but democratic isn’t one of them. If it’s democracy we’re interested in, then any decision to break up the country should be for all of the country to vote on, not just a part of it.
Et là-dedans, on entrevoit ce joyau de l'idéologie orangiste que détestent tant de gens: j'y lis que l'auteur aimerait plutôt que les Québécois « retournent en France » (pour citer d'innombrables commentaires que j'ai lu dans les médias nationaux anglophones du Canada) que de nous avoir comme voisins. Sans compter le fait que nous sommes nombreux à ne pas être Français (moi-même, j'ai passé les 21 premières années de ma vie comme franco-ontarien, et mes parents ont immigré il y a 34 ans), on y sent le sens traditionnel de suprématie des Anglais protestants sur les peuples qu'il ont géré tant de siècles. (Notons que même si c'étaient les Orangistes qui s'en prenaient violemment aux Irlandais catholiques en Ontario au XIXe siècle, et qu'ils ont entre autres réussi à éliminer la parade de St-Patrick à Toronto pendant de nombreuses années malgré le grand poids démographique des Irlandais, je reconnais bien que la grande majorité des gens de souche anglaise et de religion protestante n'expriment pas de telles haines.)

Mais la réalité légale est simple: le Québec est présentement une province, qui possède et contrôle la plupart de son territoire, et alors que le Canada est divisible dans le cas d'un référendum de séparation d'une province, le Québec lui-même n'est pas divisible de la même façon (sans passer par une réforme constitutionnelle qui serait inutile lors d'un succès référendaire).  Le quatrième point de l'auteur tombe, lui aussi, à son tour.

(Le cinquième point de l'auteur ne touche que la situation constitutionnelle très particulière du Royaume-Uni, donc il n'a pas d'impact sur la valeur de l'argument de l'auteur dans le contexte canadien.)

En conclusion, puisque j'ai pu contrer chacun de ses points, c'est clair que l'auteur Andrew Coyne exprimait plutôt ses sentiments personnels par rapport au référendum écossais et à un éventuel référendum québécois que la réalité constitutionnelle politique.

Quand il dit qu'un référendum à question claire n'est pas démocratique, il a simplement tort.

lundi 22 septembre 2014

Roger Fleury en prison pour aucune bonne raison

(Crédit photo: ICI Ottawa-Gatineau sur Twitter; lien)

Il y a quinze jours, j'ai eu le grand plaisir de pouvoir être accueilli au site archéologique du 823 rue Jacques Cartier à Gatineau, occupé depuis mi-août par des autochtones qui réclamaient de continuer la fouille archéologique cessée trop subitement, ainsi qu'une meilleure protection du site.  On m'a expliqué en détail les revendications et des idées de ce qui pouvaient être fait avec le site pour le protéger et le mettre en valeur.

Mais jeudi dernier, il y a eu arrestation de six des occupants du site en question, suivant leur refus d'accepter l'injonction interlocutoire provisoire, obtenue de la Cour supérieure par la ville de Gatineau, ordonnant aux occupants du site de quitter les lieux avant 17h30 cette journée-là.  Les six (dont le Chef des Algonquins hors-réserve de Fort-Coulonge Roger Fleury, la militante saskatchewannaise pour les droits autochtones Audrey Redman, et le militant Robert Marois [source]) se sont fait arrêter sans confrontation ni incident par plusieurs dizaines de policiers, dont le travail de quelques uns n'était que de regarder les événements, à voir les images aux nouvelles [source].

Chacun des six a été accusé de méfait selon l'article 430.1 du Code criminel du Canada.  Parmi les six, seulement Roger, qui a notamment agi comme porte-parole des manifestants, était encore détenu vendredi matin car il avait refusé les conditions imposées par la Cour supérieure, c'est-à-dire de se tenir à 100 mètres du site (823 rue Jacques Cartier), de garder la paix et bonne conduite, de ne pas entrer en contact avec les coaccusés, ainsi que de se soumettre à un couvre-feu chez lui de 23h à 6h [source].  Les articles de nouvelles n'indiquaient pas combien de temps ces conditions seraient en vigueur, mais il est su que l'injonction interlocutoire provisoire est en vigueur pendant dix jours [source].

Roger comparu devant une juge vendredi à 14h30, pour une session durant laquelle la juge lui a demandé la même chose que les policiers, c'est-à-dire qu'il respecte les conditions de l'injonction, afin qu'il puisse être libéré.  Roger a indiqué son refus, voulant dire qu'il reste détenu (donc en prison, comme il s'en disait prêt) jusqu'à lundi, pour une comparution d'une durée d'au moins quatre heures pour enquêter pour sa libération [source].  Avec la longue participation civique de Roger, le maire de Gatineau Maxime Pedneaud-Jobin aurait dû s'attendre à ces événements, et aurait dû s'asseoir autour du feu sacré pour avoir une discussion franche avec les autochtones pour résoudre la situation sans les arrestations.

Ceux qui ont suivi Roger depuis le début de ses années politiques savent combien de fois il a été en cour pour se défendre, pendant les 3 dernières décennies, le plus souvent contre des ministères et agences gouvernementales.  Après avoir été eu par un certain avocat qui le représentait (car, on se le rappelle, les juges sont d'anciens avocats, donc inévitablement plusieurs se connaissent), il s'est représenté lui-même.  Son expérience est telle qu'il a réussi gain de cause à la Cour d'appel du Québec avec dépens, surprenant plusieurs avocats.  Donc j'ai raison de penser que, d'une certaine façon, il va s'amuser en cour lundi.

Mais, en attendant les développements de sa journée en cour ce lundi, revenons aux arrestations de jeudi soir.  Les forces de l'ordre ont semblé avoir eu le bon sens de donner aux occupants dix minutes pour quitter le site avant de procéder aux arrestations.  On a appris que plusieurs occupants ont décidé de quitter le site à la dernière minute.  On peut imaginer la raison: une accusation de nature criminelle peut immédiatement ruiner les perspectives d'emplois.  Les menaces d'accusations criminelles sont donc suffisante pour freiner la participation publique dans les manifestations.  Ce qui attend les accusés de méfait, dans ce cas-ci Roger Fleury, c'est jusqu'à dix ans de prison.

Que ce soit dix ans de prison ou trois jours de détention en vue d'une audience pour enquête de libération, ces dépenses judiciaires (payées par vous et moi) sont complètement inutile, puisque le site archéologique n'est pas accessible (étant entouré de clôture et surveillé 24/7 par des policiers en voiture et par des caméras installées aux frais de la princesse).  Mais peut-être faut-il plutôt en retirer que l'État, peu importe le niveau de gouvernement qui l'incarne, imposera toujours sa volonté, avec autant de manifestants en prison que nécessaire.

lundi 25 août 2014

Les protecteurs des anciennes machines

Il fait environ 25 ans maintenant que j'utilise régulièrement des ordinateurs, pour le travail autant que pour le loisir.  Je les utilise d'ailleurs si fréquemment que j'apprécie particulièrement de pouvoir m'en écarter pour 24 heures consécutives.

Le premier ordinateur que je pouvais utiliser régulièrement n'était nul autre qu'un Amiga 500.  Comme bien des amateurs d'Amiga, mes propos ressemblerons très fort à des éloges romantiques et nostalgiques.  Mais nombreux sont ceux, comme moi, qui décrivent les ordinateurs Amiga et le système d'exploitation en partie sur ROM (Kickstart), en partie sur disque (Workbench) comme étant si en avance de leur temps (on peut penser à des animations en couleur synchronisées à du son à 4 canaux alors que tous les autres ordinateurs en 1985 étaient encore au monochrome) que la série d'ordinateurs n'a pas pu trouver un succès commercial et a cessé production vers le milieu des années 1990.

L'Amiga 500 en question est encore chez moi, à la cave.  Je l'ai testé, il y a quelques mois, avec des jeux des années 1980, qui fonctionnent encore sans problème.  Ça aide, évidemment, qu'il n'y ait aucune pièce mobile sauf pour le lecteur de disquettes.  Les ordinateurs étaient bâtis pour durer, et le même modèle était vendu pendant plus d'une année.

Cette belle machine n'est qu'une d'une trentaine de pièces de musée (j'ai arrêté de compter) qui se reposent, inutilisées, à la cave, chez moi.  Mais occasionnellement, comme si je n'en avais pas assez, je fais un tour à un marché au puces pour y trouver une relique, généralement datant d'il y a cinq ou dix ans.  Puisque mon intérêt en ces machines est généralement limité à un de mes domaines d'expertise (la gestion de réseaux et de systèmes), des desktops d'il y a cinq ans sont amplement suffisants.

En parallèle, depuis 2003, faisant face des distros de Linux qui se démarquent les unes des autres par leur grande taille et exigences en mémoire vive et en espace de disque, tout en essayant alors de faire un routeur et serveur d'un 486 datant de 1994 que j'ai acheté en 2002 au prix de 20$, j'ai commencé ma propre distro de Linux. Sans compter le fait qu'il doit bien s'agir d'une des distros les moins utilisées au monde, une des choses qui la démarquent doit se trouver dans le fait que les versions des outils sont, dans biens des cas, des versions anciennes mais très stables.

Cela s'est surtout fait sentir la fin de semaine passée, alors que j'essayais d'améliorer la flexibilité du processus de démarrage. Ma stratégie initiale consistait d'utiliser le concept relativement récent du initramfs, selon lequel un "disque" en mémoire vive sans réelle limite logique de taille permet d'initialiser des disques (p.ex. RAID, LVM, un disque chiffré).

C'était exactement ce dont j'avais besoin, donc, me basant sur le wiki de Gentoo, j'ai commencé à assembler ça. Rendu au script d'initialisation, ça disait d'utiliser switch_root. Je ne le trouve pas dans mon installation de Linux, donc j'y vais plutôt avec pivot_root comme en 2006 (lorsque j'ai dû m'amuser à configurer Linux avec un hardware RAID avec le chipset de NVIDIA). Comme mon arrangement, cette fois-ci, était beaucoup plus simple, je me disais qu'il n'y à rien là.

Je ne dois pas attendre longtemps pour voir que pivot_root ne fonctionne pas. Les forums clarifient que pivot_root ne fonctionne pas avec le système de fichiers rootfs, et suggèrent de passer à switch_root.

Donc je m'amuse à quérir la plus récente version d'util-linux sur kernel.org. Je lance la compilation, et assez vite, je vois que switch_root ne peut être bâti que si une certaines fonctions sont disponibles dans la librairie C. La version de glibc requise serait 2.7, alors que j'en suis à 2.3.6 depuis une dizaine d'années (depuis lors, j'ai gardé les versions les plus stables des librairies clés).

Donc il faut que j'oublie initramfs pour plutôt m'amuser avec initrd, l'ancêtre d'initramfs. Mais la documentation disponible sur internet a bien changé depuis 2006: trouver des exemples concrets et complets d'initrd est bien moins facile. La plupart des exemples proposent d'utiliser des mécanismes existants dans les distros pour lesquels ils ont été écrits, alors que ma propre distro ne comporte encore aucun tel mécanisme. (Il va sans dire que je m'en occuperai, là!)

Donc voici la formule magique:
1. Créer un fichier vide de la taille d'un "RAM disk" (/dev/ram?*) tel que défini dans le noyau (4 Mo par défaut) :
  dd if=/dev/zero of=initrd bs=1k count=4k

2. Nous utiliserons le mode loop pour faire du fichier image un device utilisable. Si loop est compilé comme module au lieu d'être intégré au noyau, chargeons-le si ce n'est pas déjà fait:
  modprobe loop

3. Faisons du fichier image un /dev/loop?* et conservons-en l'identité :
  LOOP_DEV=`losetup -f initrd --show`

4. Formattons l'image. J'utilise ext2 pour la simplicité:
  mke2fs $LOOP_DEV
(Notons qu'il y a moyen d'utiliser certains paramètres, ou encore d'autres FS, pour maximiser l'espace disponible.  L'exercice est laissé au lecteur ou à la lectrice!)

5. Accédons à l'espace de l'image:
  mkdir initrd_dir
  mount $LOOP_DEV initrd_dir

6. Créons la structure des répertoires de base et ajoutons-y les fichiers essentiels:
  pushd initrd_dir
  mkdir bin dev etc lib mnt sbin
  cp -a /dev/{console,null,tty) dev/
  touch etc/mtab
  cp -a /bin/{bash,mount,umount} bin/
  cp -a /usr/sbin/chroot /sbin/pivot_root sbin/

7. Il faut y ajouter le « device node » pour la racine réelle du système de fichiers, dans notre cas, hda3 :
  cp -a /dev/hda3 dev/

8. Les programmes de l'étape 6 ont été bâties et liées à des librairies dynamiques qu'il faudra copier :
  cp -a `ldd bin/* sbin/* | grep /lib/ | awk -F"=>" '{ print $NF }' | awk '{ print $1 }' | sort | uniq` lib/

9. Les librairies copiées sont parfois des liens, donc il faudra aussi copier les vrais fichiers:
  for name in `ls -l lib/ | awk -F" -> " '{ print $2 }' | sed -e '/^$/d'`; do
      cp -a /lib/$name lib/
  done

10. Il faut ensuite créer le script d'initialisation et le rendre exécutable.  Ajustez le contenu tel que nécessaire :
  cat >linuxrc <<EOF
#!/bin/bash
export PATH=/sbin:/bin:/usr/sbin:/usr/bin

# Mount real root filesystem
mount -t auto /dev/hda3 /mnt    # Change the real root device as required

# Pivot to real filesystem and run the real init
cd /mnt
pivot_root . mnt/oldroot    # Change this "put_old" directory as required
exec chroot . sh -c 'umount /mnt/oldroot; exec /sbin/init' \
    <dev/console >dev/console 2>&1
EOF
  chmod +x linuxrc

11. Tout y est, donc nous pouvons fermer l'image :
  popd
  umount initrd_dir
  losetup -d $LOOP_DEV

12. Et là nous comprimerons l'image et la mettrons au bon endroit :
  gzip -9 initrd
  cp initrd.gz /boot/

13. Pour l'utiliser, il faut l'ajouter dans la configuration du Linux loader, tout en devant spécifier le script d'initialisation. Donc par exemple, si on utilise LILO, la section de lilo.conf pour notre installation pourrait avoir l'air de ceci :
  image = /boot/vmlinuz
       label = linux
       root = /dev/rd0
       initrd = /boot/initrd.gz
       apprend = "init=/linuxrc"

14. Il faudra aussi que le noyau Linux soit configuré pour s'attendre justement à l'utilisation d'initrd, et que le pilote RAM disk soit compilé dans le noyau.

15. Si nécessaire, faire en sorte que le Linux loader soit au courant de la nouvelle configuration.  Avec lilo, il est nécessaire de mettre à jour le MBR, et voici la façon dont nous le faisons :
  lilo

Et en principe, tout devrait baigner dans l'huile. On peut ensuite faire évoluer le principe pour des situations plus compliquées.

Alors qu'en tout et pour tout, cet arrangement de style plutôt historique fonctionne bien, la charge de travail associée au maintient des pratiques historiques croît progressivement au cours des années, et il revient à un petit nombre d'individus comme moi de préserver la pratique non seulement en documentant et partageant, mais aussi en utilisant ces pratiques.